Amazon n’avait pas encore diffusé le premier épisode de la série Fallout, mais déjà l’annonce de la deuxième saison était dans les tuyaux, témoignant d’une confiance sans faille dans le projet. Lancée en production en 2020, la série a été confiée à Jonathan Nolan et Lisa Joy, respectivement connus pour leur travail sur Westworld. Avec Todd Howard de Bethesda Game Studios en tant que co-producteur, Amazon avait réuni une équipe solide pour garantir le succès de la série, avec un budget impressionnant de 153 millions de dollars. Cependant, certains fans de la franchise de jeux vidéo peuvent se sentir quelque peu négligés au profit d’un public plus large.
Crawl Out Through the Fallout
“Si tu insistes à rester, tu devras t’adapter,” déclare le Dr Wilzig (joué par Michael Emerson) à Lucy MacLean (interprétée par Ella Purnell, connue pour son rôle d’Emma Bloom dans Miss Peregrine et les enfants particuliers) dans l’épisode 2. Cette déclaration résume parfaitement le périple campbellien de l’héroïne de la série Fallout. En 2077, en Californie, sous un ciel aux airs des années cinquante, la vie semble idyllique. Comme si les années 50 avaient été figées dans le temps, cette Amérique alternative préfère ignorer les menaces de guerre froide persistantes entre le bloc sino-soviétique et les États-Unis. Cependant, tout bascule le jour où les États-Unis subissent une pluie de bombes H. Plus de deux siècles plus tard, en 2296, le monde semble s’être figé dans les abris anti-nucléaires, peuplés par les descendants des survivants du bombardement. En dépit des 200 années écoulées, leur réalité demeure inchangée, avec ses écrans de tubes cathodiques et ses affichages pixelisés verts, un rétrofuturisme caractéristique, fidèle à l’esthétique de Fallout conçue à l’origine par Black Isle et continuée par Obsidian et Bethesda. En s’installant en 2296, Amazon évite l’écueil de l’adaptation littérale et choisit plutôt d’explorer les mythes et le folklore de l’univers du jeu Fallout, tout en proposant une histoire originale, mais néanmoins canonique, comme l’a expliqué Todd Howard.
Lucy a grandi exclusivement dans l’Abri 33, un univers souterrain parfaitement organisé où même la généalogie est planifiée avant le mariage pour éviter les risques de dégénérescence. Après une cérémonie qui tourne au cauchemar, elle fait face à la réalité pour la première fois, arborant la célèbre combinaison bleu-jaune des habitants des abris. Elle se prépare alors à partir vers les Terres Dévastées en surface, à la recherche de son père Hank, un clin d’œil évident à Fallout 3. Lucy devient ainsi le personnage principal qui guide le public à travers le monde post-apocalyptique et rétro-futuriste de la série. Son innocence et son optimisme parfois naïfs la plongent dans des situations à la fois dangereuses, comiques et absurdes.
Lucy/Ella Purnell porte la série avec aisance, incarnant parfaitement les enjeux narratifs malgré un léger surjeu de candeur au début. Cependant, plutôt que de se concentrer uniquement sur elle, la série choisit d’introduire deux autres personnages majeurs. Tout d’abord, Maximus, membre de la Confrérie de l’Acier, interprété brillamment par Aaron Motten, apporte une dimension polymorphe à l’histoire. En tant qu’écuyer d’un Chevalier d’Acier, il poursuit un scientifique porteur d’un artefact sacré, accompagné d’un chien, un clin d’œil à Canigou dans Fallout 4.
Le personnage phare, La Goule, joué par Walton Goggins, est une véritable force de la nature. En tant que cow-boy solitaire et mercenaire sans scrupules, son apparence décrépite et son attitude impitoyable font de lui l’incarnation parfaite de l’univers de Fallout. Son caractère taciturne et ses répliques cinglantes en font une figure ambiguë, à l’opposé des personnages plus conventionnels comme Lucy et Maximus. À chaque apparition, Goggins captive l’écran avec un charisme indéniable, faisant de La Goule le pilier de cette adaptation sérielle.
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