La conjuration primitive
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess présente un concept unique qui pourrait diviser les joueurs. Le jeu, développé par Capcom, se situe à mi-chemin entre le Beat’em All et le STR, intégrant une composante stratégique essentielle. Cette hybridité le rend difficile à classer, rappelant par certains aspects des jeux comme Brütal Legend. Le titre s’apparente également à un Action-RPG, grâce à la personnalisation et à l’amélioration des unités et du héros via une monnaie universelle.
Kunitsu-Gami adopte une approche old-school, avec un concept simple : mener un personnage d’un point A à un point B tout en limitant les dégâts subis. Le jeu est découpé en niveaux rejouables, courts mais variés, offrant une ambiance nostalgique rappelant l’ère de la PS2. Cette orientation rétro pourrait lui attirer une certaine aura auprès des joueurs nostalgiques, mais aussi être un handicap pour d’autres.
Le jeu offre un univers intrigant et riche, bien que sa narration soit faiblement développée. L’histoire se résume à peu de mots, avec des cinématiques et des dialogues rares, à l’exception de quelques phrases prononcées par Yoshiro, la prêtresse à protéger. Ce choix narratif laisse davantage de place à l’exploration et à l’immersion dans un monde qui semble croiser les influences de Nioh et Ôkami.
Sur les chemins noirs
Les niveaux de Kunitsu-Gami se décomposent en deux phases distinctes. Durant la journée, le joueur explore l’environnement pour préparer la progression de Yoshiro, une prêtresse avancant doucement en purifiant les lieux de la corruption. Le joueur incarne Soh, un samouraï sans visage armé d’un sabre, chargé de la protection de Yoshiro par divers moyens. Cette exploration inclut la libération des villageois pris dans des cocons de corruption, lesquels peuvent ensuite être affectés à différents métiers pour aider au combat.
L’exploration est cruciale car elle permet de rassembler des ressources et de recruter des villageois avant la tombée de la nuit. Les niveaux, bien que courts, demandent une optimisation des ressources découvertes. Manquer une plante à purifier, par exemple, prive de précieux cristaux et d’éventuelles pièces d’équipement. La gestion des cristaux nécessite une réflexion stratégique pour maximiser l’efficacité des unités disponibles.
Voyage au bout de la nuit
À la nuit tombée, des monstres envahissent les lieux par divers accès. Il n’est plus possible de continuer à purifier les cocons et les plantes. Le combat devient alors inévitable, tant pour protéger Yoshiro que pour assurer sa survie en plaçant stratégiquement les villageois armés autour d’elle. Les cartes sont conçues pour exploiter au mieux les objets du décor et bloquer des passages stratégiques.
Les phases de combat mélangent action et réflexion, avec un bestiaire varié et des ennemis de plus en plus coriaces. Les premières vagues de monstres sont assez simples à gérer, mais la difficulté monte rapidement, nécessitant l’assistance des soldats. Certains niveaux imposent même des restrictions, comme l’impossibilité de faire combattre Soh ou d’utiliser certains soldats, ajoutant une pression supplémentaire. Les boss viennent également corser l’expérience, certains combats étant marqués par un déséquilibre de difficulté.
Les chaînes de l’avenir
Le gameplay de Kunitsu-Gami s’avère plus riche en termes de compétences et de coups qu’on ne l’aurait pensé initialement. Le héros Soh peut s’améliorer et acquérir de nouvelles capacités de combat ainsi que des modes distincts. La parade et l’esquive sont deux aspects essentiels du combat, surtout face aux boss plus coriaces. Quelques subtilités supplémentaires, comme la possibilité de récupérer et de réaffecter les points d’amélioration, enrichissent l’expérience.
Les niveaux, rejouables une fois terminés, offrent aussi la possibilité de réaliser des réparations avec l’aide des villageois survivants. Ces réparations, bien que demandant du temps pour être effectuées, procurent des récompenses utiles pour la progression. Cette fonctionnalité permet de souffler entre deux missions tout en optimisant les ressources.
Kunitsu-Gami, malgré une durée de vie modérée, propose de nombreux bonus à débloquer et des objectifs secondaires pour inciter à rejouer les niveaux. Il encourage la compétition en affichant les records de temps sur chaque boss. Le mode photo est également bien pensé, et l’absence de modes de difficulté pourrait être compensée par des pièces d’équipement offrant des défis supplémentaires.
Les joueurs peuvent continuer l’aventure en New Game +, une version plus complexe où des monstres puissants apparaissent dès le début. Toutefois, la gestion de l’équipement mériterait d’être améliorée pour une meilleure lisibilité. Nonobstant quelques défauts, Kunitsu-Gami constitue une expérience forte et gratifiante, saluée notamment pour son mélange audacieux de genres et son ambiance unique.
Kunitsu-Gami : Path of the Goddess se positionne ainsi comme un jeu innovant et intriguant, qui divise par son choix narratif minimaliste et son gameplay stratégique, tout en réussissant à captiver par son exploration et ses mécaniques de combat. Une réalisation qui, espérons-le, marquera un renouveau pour Capcom, apportant une touche de fraîcheur bienvenue à l’industrie du jeu vidéo.